Après l’instauration des congés payés, en 1936, beaucoup de familles ont souhaité profiter de quelques jours de liberté pour aller respirer le « bon air de la campagne », pour découvrir la mer, la montagne que la plupart n’avaient jamais vues. Pour que des familles aux revenus modestes puissent bénéficier de ces loisirs nouveaux, il a fallu créer des lieux d’accueil abordables : terrains de camping, colonies de vacances… Ainsi sont apparues les pensions de famille, souvent en milieu rural, chez des particuliers qui disposaient de locaux suffisants, pour recevoir des citadins qui cherchaient à passer quelques semaines de repos et de découverte à des conditions favorables.

À Pessinges, Lucien Pinget et son épouse Julie se sont lancés dans l’aventure et ont reçu leurs premiers pensionnaires à l’été 1948. Avec quatre chambres disposant d’un confort spartiate (mais avec eau courante… ! ) tout à fait appréciable pour l’époque, ils pouvaient recevoir une dizaine de personnes en pension complète.

Les archives de l’entreprise, conservées par la petite-fille de Lucien, donnent des précisions intéressantes sur le fonctionnement de la pension : dès la première année, et grâce à quelques petites annonces dans des journaux locaux – la Voix du Nord par exemple – , plusieurs familles ont résidé quelques jours, parfois un mois complet, voire plus à Pessinges.
Des estivants sont venus d’un peu partout : de France, principalement de Paris et de sa banlieue, du Maroc et de l’Algérie – deux pays encore sous domination française –, souvent plusieurs années de suite.
Un exemple : à l’été 1952, une famille de quatre personnes séjournant vingt-sept jours a payé 73 020 (anciens) francs « café et cidre compris », ce qui correspond à la somme de 1856 euros de fin 2022, soit 68 euros par jour pour les quatre estivants (d’après https://france-inflation.com).
La pension Pinget a fonctionné jusqu’à l’été 1960. Les chambres ont ensuite été transformées en logement loué l’été, à des ouvriers ou des enseignants principalement. C’est aujourd’hui une habitation privée.

L’escalier de pierre, au bout du chemin, marque l’entrée de l’établissement.
Les enfants des pensionnaires, des citadins, apprécient le dépaysement l’immersion dans le milieu paysan.
Annonce parue en 1955 dans un journal probablement marocain.