Jusqu’en 1789, l’Ancien Régime

Dans le Duché de Savoie, le besoin d’une instruction plus répandue se fait sentir dès le XVème siècle. Des petites écoles de village (écoles paroissiales), confiées aux prêtres, apparaissent à cette époque, mais elles n’ont ni structure organisée, ni moyens propres, ni enseignants compétents. Quand ils en sont capables, ces prêtres enseignent aux garçons des rudiments de lecture, d’écriture, d’histoire sainte et naturellement des prières. Et puis, il faut préserver la jeunesse savoisienne du « virus hérétique » transmis par la Réforme protestante du XVIème siècle… Les rares écoles de filles sont confiées à quelques veuves dont la vertu est reconnue irréprochable ; elles apprennent aux petites filles à lire, à coudre et à prier. Les écoles sont créées par les communautés (les paroisses) ou par des particuliers fortunés et les familles doivent contribuer financièrement, selon leurs moyens, à leur fonctionnement. L’enseignement est dispensé essentiellement en hiver sur une durée de cinq à six mois, parfois moins. Et les enfants, dès l’âge de 7 ou 8 ans sont indispensables au travail de la ferme, d’où un absentéisme important.

Petit à petit, les sciences progressent – notamment avec Galilée (1564-1642), Pascal (1623-1662), Newton (1643-1727) –, le commerce se développe, les idées se propagent avec notamment les colporteurs en pays de montagne. L’administration communale et l’établissement du cadastre – la mappe sarde de 1732 – demandent des compétences encore accrues… Mais la plupart des gens sont analphabètes et n’ont pas les moyens d’administrer leurs propres biens ni ceux de la paroisse. Il en découle une plus forte demande d’instruction jusqu’au milieu du XVIIIème siècle où l’État commence à intervenir dans la formation des maîtres et leur recrutement.

Alors, des écoles apparaissent, installées dans des locaux – largement inadaptés – loués ou dans la résidence du maître ou au presbytère, animées par un vicaire-régent. Les salaires des maîtres sont faibles, celui des femmes étant la moitié de celui des hommes. Cette situation perdurera jusqu’après le rattachement. Il faudra l’arrivée de la Troisième République pour que les choses changent vraiment.

Dans les années 1760, le royaume de Piémont – en avance sur la France – s’engage lentement dans la voie de l’étatisation de l’enseignement primaire. Mais 1789 arrive, avec un premier rattachement des pays de Savoie à la France, en novembre 1792.

Quid de Cervens ? On peut avancer l’hypothèse que notre village a eu, au moins à certaines époques, une petite école dans ses murs. Nous n’en savons pas plus.