Mythe ou réalité ? La caverne des Fées, la Pierre à Bonnet et la Pierre à Chalot ont suscité plusieurs écrits, voici ceux que nous avons trouvés.

La Pierre à Chalot existe bien : elle se situe entre le Taillou et le col de Cou, on peut l’apercevoir depuis la route de l’Oratoire en allant sur le village. Elle a fait l’objet d’une surveillance dans les années 1990, car il semble qu’elle aurait bougé et aurait pu menacer d’entrainer un éboulement sur le village, provoqué par l’alternance de  périodes de sècheresse et de pluie.

Caverne Des Fées Persee050

Histoire-Légendes
Extrait de « Histoire de la commune de Cervens en Chablais » par Emile Vuarnet, 1951

« En 1908, M. Jacquot, alors juge de paix à Thonon, qui recherchait des antiquités préhistoriques dans la région, s’était fait conduire sur la montagne pour visiter la Pierre à Chalot, ou, disait-on, on apercevait des empreintes de pied de mulet. Il a publié le récit de son excursion dans le Bulletin de la Société préhistorique de France, de décembre 1909, pages 526 à 529.
« Il faut une bonne demi-heure pour monter de Cervens à la Pierre à Chalot, que M. Jacquot appelle Pierre Bonnet, à cause d’une pyramide qui la termine au nord. Cette pyramide est d’environ 4 mètres de hauteur au-dessus de la Pierre à Chalot qui est plane mais inclinée. Cette pyramide a pu servir pour le guet, son abord à proximité d’un rocher à pic est dangereux. On y remarque des encoches taillées de main d’homme pour pouvoir y monter et s’y maintenir, M. Jacquot a dessiné cette pyramide aux pages 526 et 528 du Bulletin de la société préhistorique de France.

« Le guide qui avait accompagné M. Jacquot, le jeune Bossu (1) m’ayant rencontré à Messery , quelques semaines plus tard, voulut bien me conduire sur les lieux.

« Avant d’arriver à la Pierre à Chalot, le sentier que nous suivions se divisait en deux. Mon guide m’avoua avoir pris celui de droite avec M. Jacquot. Nous prîmes donc celui de gauche qui s’enfonçait sous les noisetiers. Au bout de quelques mètres, nous arrivâmes au pied d’un rocher vertical en calcaire jurassique, où nous vîmes un trou semblable à la bouche d’un four, de 0 m 50 de côté, qui donnait dans une cheminée verticale dans le rocher qui se prolongeait en haut et en bas. On se trouvait à cet endroit à environ cent à deux cents mètres au levant de la Pierre à Chalot. (Bulletin de la Société préhistorique de France, de mars 1910, page 154).
« Aux dires de Favrat, les enfants du village entrent en rampant dans les couloirs qui les conduisent au bout de 100 mètres, à une sortie sur une paroi à pic d’où ils sont obligés de revenir à reculons.Il est possible que l’entrée de la caverne dont j’ai parlé plus haut ait été obstruée.
« Sur la Pierre à Chalot, je vis que les soi-disant empreintes de pieds de mulets étaient des alvéoles formées par l’absence d’un caillou roulé dont est formé ce rocher, rendu poli et glissant par le frottement de l’ancien glacier du Rhône, aux temps primitifs de l’époque glaciaire.
« D’après plusieurs habitants de Cervens, il n’y a pas de grotte dans la montagne, mais au lieu-dit « La Perrière », sur les confins des communes de Cervens et de Draillant , se trouve une fissure verticale, très profonde , qui s’enfonce dans la montagne. Mais elle se trouve trop étroite pour qu’un homme puisse y passer. En géologie, ces grandes fissures s’appellent diaclases, elles peuvent atteindre parfois plusieurs centaines de mètres de haut et de long. C’est par les diaclases, les failles et les joints de stratification que l’eau va attaquer la roche calcaire, élargissant les cassures qu’elle rencontre pour y creuser des grottes et des cavernes. Les eaux météoriques qui sont imprégnées de gaz carbonique produisent dans les fissures des effets dissolvants considérables.
(1) Le jeune Bossu a été tué pendant la guerre de 1914. Il demeurait au couchant de l’église, les fenêtres de sa maison donnaient sur l’école du village. »